J’ai lu pour la première fois L’Épopée de Gilgamesh en Mars 2014. J’avais entendu parler de ce texte à la radio, sur France-Inter, dans l’émission de Jean-Claude Ameisen, Sur les épaules de Darwin. Le titre du livre ne m’était pas inconnu. Je l’avais découvert lors de la préparation que j’avais faite avec ma mère d’un voyage en Syrie, en 2000, mais sans le lire à l’époque. Ce voyage en Syrie est un souvenir mémorable, qui a pris, depuis le début de la guerre civile en 2012, une dimension particulière. J’avais douze ou treize ans, je me souviens des confiseries extraordinaires du souk de Damas, des porteurs d’eau et de la mosquée des Omeyyades. Alep sous une tempête de sable, le ciel jaune et irréel derrière la citadelle, le souk souterrain, les forteresses de Saladin et des Croisés, et puis les Tells, leur histoire millénaire et leurs vestiges archéologiques. Amrit, Ugarit, et, plus familière car plus proche du paysage antique européen, Palmyre, ses rangées de colonnes dressées au milieu du désert. Gilgamesh faisait partie de ce décor aujourd’hui effondré, sans que j’en sache plus sur son histoire, hormis qu’il s’agissait de la plus vieille épopée parvenue jusqu’à nous.
Des années plus tard, dans la bouche de Jean-Claude Ameisen, les mots anciens qui ouvrent le texte m’ont capturé, et m’ont emmené avec eux quatre mille ans en arrière, entre le Tigre et l’Euphrate, dans l’antique Mésopotamie.
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